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Introduction

Chaque jour, nous entendons la phrase « Nul n’est irremplaçable », utilisée pour commenter le départ, le remplacement ou l’éviction de quelqu’un que ce soit dans le domaine professionnel, personnel ou amical. Cette formule, répétée inlassablement, est devenue un cliché, présentée comme une vérité évidente alors qu’elle n’est qu’un lieu commun usé.

La déshumanisation par l’interchangeabilité

En adoptant cette formule, on réalise rapidement que si personne n’est « irremplaçable », alors tout le monde est « remplaçable », ce qui suggère une interchangeabilité des individus. Au premier abord, cette phrase peut sembler banale et inoffensive, mais elle a des effets dévastateurs. En sapant le principe fondamental de l’irremplaçabilité du sujet, on sacralise la déshumanisation. Il ne faut pas se tromper, être irremplaçable n’a rien à voir avec un refus d’être remplacé, c’est plutôt prendre conscience que la responsabilité implique une exigence d’irremplaçabilité.

Préserver les processus de subjectivation dans l’État de droit

À une époque où les processus de subjectivation au sein de l’État de droit sont plus que jamais fragilisés, il est essentiel que ce dernier ne cède rien sur les principes qui le fondent. Dans un État de droit, chaque individu doit pouvoir se construire en tant que sujet et trouver des alternatives à l’individualisme forcené qui est érigé en modèle. L’individualisme éloigne de l’individuation, qui est pourtant garante de la vitalité de la démocratie. L’enjeu est clair : il faut renouer les liens entre l’individu et le collectif. Le principe de l’irremplaçabilité du sujet est un pilier qui permet de vivre ensemble, et il ne doit pas être compromis. Car si nous sommes une société d’individus, être sujet de son histoire et de son devenir ne nous est jamais donné a priori. Chaque individu doit trouver son propre chemin pour y parvenir, en explorant les espaces existants ou à venir. Agir et s’impliquer personnellement est aussi une façon de nourrir l’individuation. Ne devrions-nous pas oser faire tout ce que nous pouvons réellement faire ? Devenir irremplaçable, c’est alors créer une singularité qui n’est plus soumise à une tutelle dont elle s’est affranchie. C’est une façon de lutter contre un nihilisme ambiant et de ne rien lâcher : ni de soi (et donc de son irremplaçabilité), ni du souci des autres, qui tendent à se rejoindre. Ce n’est qu’au sein d’un collectif que les sujets peuvent s’affirmer, en étant à la fois reliés et singuliers.